lundi 12 juillet 2010

PARTIE TROIS Une spéciale Véronique

Récit


Je n’aime pas trop parler de moi mais comme Alexia, j’ai envie de raconter mon aventure !

Si la plupart d’entre vous ont pu retrouver quelqu’un du club pour relever vos défis que ce soit sur le 56 ou le 86, moi je me suis sentie bien seule au départ d’autant plus que mon ami se trouvait à Valence en déplacement professionnel ! Le vendredi matin, je me réveille à 7h30 moi qui avait posé ma journée de RTT pour faire la grasse mat …Ce n’est pas vraiment çà ! Mais je suis « excitée » à l’idée de faire le Raid que je prépare dans ma tête depuis 2 ans ! Mes affaires sont prêtes depuis la veille mais il me manque une casquette blanche car on annonce des températures de + de 30°. Je passe chez Endurance Shop pour en acheter une et passer mon temps ! Je reviens vers 11h30 et il reste encore 7h30 avant la course… ! Un peu de ménage, de télé, une petite sieste d’1h et me voilà fin prête. Un collègue de boulot vient me prendre à Cliscouët car il souhaite me prendre en photo sur un « Vélocea » et dans un bus. Pour info je travaille aux transports du Pays de Vannes et suis sponsorisée par mon entreprise et Intersport. Je passe prendre mon dossard et dépose mon sac pour Locmariaquer. Je rencontre Gilles avec un copain et çà me fait plaisir de le voir. La séance photos débute sous un soleil de plomb mais je suis heureuse, je souris et j’ai surtout hâte au départ… ! 18h30, il est temps de me diriger vers la ligne de départ. L’animateur du Raid vient vers moi et commence à me mettre la pression en disant que je suis une des favorites ! Bah, moi …sincèrement je n’ai pas cette prétention ! Je vois Fred et çà me rassure, il est là avec son grand sourire ! 18h55, plus que 5 minutes, des collègues de boulot arrivent et me disent « courage Véro » ! Ben oui, je crois qu’il va m’en falloir mais que diable, j’ai si souvent rêvé de ce moment et il est enfin là ! 19h, musique et le départ est donné, certains partent comme des boulets de canon mais moi je pars tranquille…on a le temps ! Avant Kérino, mon patron est là, il m’attend sur un « Vélocéa », j’en crois pas mes yeux car il ne me semblait pas intéressé par mon défi ! Je me suis trompée ! Il m’accompagne en vélo jusqu’à Séné puis me laisse continuer en me souhaitant « bonne chance petit pirate » ! J’ai un bandana à la pirate et ce look l’a bien fait rire, pas trop sexy mais très utile pour la lampe frontale.

Je suis maintenant seule et je mets mon MP3…Ah douce musique d’Egnima, je me sens zen ! Je suis sur une moyenne de 8kms/h, un peu rapide et je régule un peu (entre 7 et 7,5). J’arrive à Bellevue, j’adore cet endroit et je profite du paysage… 1er ravitaillement, j’ai très soif, je rempli mes bidons déjà vides et parle un peu avec Fred qui me dit de manger salé et de ne pas trop boire d’un coup ! Il a raison car je vais me transformer en bonbonne ! Je repars et je suis bien. J’arrive à Noyalo et Fred est là à nouveau. Petit ravito et c’est reparti vers Sarzeau. Je profite de la nuit. J’adore la nuit, c’est un moment privilégié, en plus c’est la pleine lune ! Je suis drôlement bien et n’ai pas trop changé mon rythme. Tout à coup le « gadin » ! Il fallait bien que çà m’arrive ! Je nettoie le sol avec mon menton. 3 coureurs derrière moi s’arrêtent et nettoient mes plaies à la lampe frontale ! « Tu t’es bien amochée le visage ! » me disent-ils mais çà va ! Ils veulent me garder comme meneuse d’allure et je me marre en pensant que ce doit être plutôt pour leur éviter les racines ! Ah les bougres ! On rigole bien et on continue d’avancer. Sarzeau, j’en profite pour faire soigner mes blessures et me ravitailler un peu et çà repart. Je fais la connaissance de Gérard qui sera avec moi jusqu’à l’entrée d’Arzon. Le soleil se lève et Dieu que c’est beau ! Je contemple le paysage avec admiration quand soudain, 2ème chute ! Çà m’apprendra à regarder ailleurs ! Je jure…grrr, j’ai mal à ma cuisse mais bon, çà doit être une bricole et je repars ! J’ai perdu Gérard mais voici Stéphane et çà repart jusqu’à l’embarcadère ! Tient, voilà la 3ème féminine, assise, elle n’a pas l’air d’aller bien mais bon çà peut arriver ! On prend le zodiac et j’apprécie ce passage ! Bon sang, je suis heureuse d’être là, moi qui appréhendais ce moment au niveau musculaire, je n’ai pas mal et repars sans problème. Et je suis dans mes temps. J’ai mis 12h36 pour aller jusqu’à l’embarcadère.

Çà y est, je suis à mi-parcours et je prends un moment pour me changer, mettre déjà un tee-shirt  blanc et ma casquette. Fred est là et je suis contente de le voir. On me soigne une ampoule. Je mange 2, 3 bricoles et je repars de plus belle avec Gérard… ! Ah, j’ai oublié, on vient de rajouter aux 6 premières femmes un GPS et on m’en a mis un dans le sac ! Je suis toujours bien et je suis 4ème féminine d’après Fred. La température commence à monter ! Gérard commence à me dire qu’il a une ampoule au pied et qu’elle lui fait mal. Je regrette d’avoir laissé ma trousse à pharmacie à Locmariaquer car j’aurais pu lui soigner son ampoule. Il me dit de continuer sans lui et çà me fend le cœur ! Il s’arrête et je ne sais pas s’il a abandonné ! Je rejoins un autre Stéphane qui vient de Paris et qui a fait l’UTMB. Il me dit qu’il en bave et que la chaleur commence à lui peser ! C’est vrai qu’il fait chaud ! On arrive à St Goustan et je vois Fred. Pour lui, je suis bien mais je commence à souffrir de la chaleur. Je prends des TUC et je repars après une pause délice au petit coin car il faut le dire pour les femmes, c’est moins pratique que pour les hommes. C’est la première fois que je prends autant de plaisir face à ce besoin naturel ! Je repars…il fait de plus en plus chaud et mon cœur commence à monter ! J’ai l’impression d’être sur le marathon du Mont St Michel où il y avait eu 900 malaises ! Je décide d’alterner marche et course mais à cet instant, ce sera plus de marche que de course. J’écoute mes messages et j’en ai un de Xavier qui me dit qu’il est avec moi et qu’à cet instant je dois être dans le rouge ! Ah que oui j’y suis, je deviens même pivoine ! On longe les plages et on voit les gens se baigner ! Je donnerais tout pour aller piquer une tête. Un monsieur me dit « allez les gars, vous valez mieux que les bleus ! », je lui réponds « mais je suis une femme ! » Alors, il hurle, « applaudissez, c’est une femme !». Et tout le monde applaudit et crie ! Ben que çà fait chaud au cœur mais je dois être dans un état pitoyable pour qu’on me prenne pour un homme avec ma casquette enfoncée sur la tête ! Je continue vers « Larmor Baden »…J’y suis ! Je me ravitaille car l’eau manque sur cette course ! Heureusement, des gens nous ouvrent leurs portes et mettent à disposition des sceaux d’eau et des bouteilles ! Je suis épatée par leur gentillesse. Port Blanc enfin, je ne suis plus très loin de Vannes mais je sais que ma lampe frontale sera à nouveau sur mon front. « Merde », je vais passer une seconde nuit dehors !
Après le Moustoir, une dame me dit que j’ai un petit ravito à 1 kilomètre mais je ne le vois pas ! J’arrive dans un bois et je tombe sur la 3ème féminine qui est assise sur un banc. Dès qu’elle me voit, elle se relève et se remet à courir. Je lui demande si elle a vu le petit ravito et elle me dit que oui puis 200 mètres plus loin elle se retourne et me dit : « il y avait un pointage à ce petit ravito et si tu n’y va pas, tu va prendre 3h de pénalité ! ». Je rêve et lui demande si elle est sûre et elle me répond que oui. Je la crois et fais demi-tour…Là, les larmes me viennent et mon moral en prend un coup ! Je me retape le kilo déjà effectué et tombe sur Stéphane qui me demande ce que je suis en train de faire. Je lui explique qu’il faut que je retourne au ravito car il y avait un pointage. Il me répond qu’il n’y en a pas. Un autre coureur arrive et me dit la même chose. On compare nos cartes et effectivement il n’y a pas de pointage à cet endroit. Je me suis fait avoir en beauté et les gars sont furieux ! « La salope » me disent-ils ! On repart ensembles mais j’ai pris un coup au moral…sérieux ! J’arrive à Arradon et je la croise dans l’autre sens ! Je lui crie qu’elle m’a menti ! Elle me dit que non en souriant ! Si j’avais eu ma bombe anti chien, je lui en mettais une giclée ! C’est dégueulasse et pas sportif mais elle court pour Oxygène Challenge alors moi, la petite gueuse, il fallait me faire perdre du temps ! Je rage et porte une réclamation au pointage d’Arradon. Ils trouvent çà méchant mais ne savent pas si j’aurais gain de cause…il n’y a pas de témoin! Comment çà pas de témoin, et mon GPS dans mon sac, il sert à quoi ??? On doit bien voir qu’un moment je suis au contact et que je fais demi tour, ce qui est illogique, à moins que je n’en n’ai pas assez fait et qu’une petite ballade en plus de 2 kms me fasse plaisir…Ben voyons ! A ce moment j’enrage d’autant plus que la 5ème féminine, du coup me double. Avec ces conneries, j’ai perdu 1/2h, pas étonnant !

Je suis maintenant avec Eric, un gars super sympa qui avait abandonné l’année dernière. Il compatit à ce qui m’est arrivé et trouve qu’elle manque totalement d’esprit sportif. Il ajoute en rigolant, heureusement qu’elle a fait çà car tu vas m’aider à finir ! Il a raison, c’est le destin et on devait sûrement finir ensemble ! La nuit tombe après Moréac et j’en ai marre. Je vois un collègue de boulot qui m’apporte du réconfort ! « Tu vas y arrivé, Véro, tu es forte ! ». Je commence à me faire rage « Allez bouges toi cocotte, tu n’es plus très loin, c’est un défi que tu t’es lancé et tu vas jusqu’au bout ! Allez ma Véro ! » Eric me dit qu’il va arrêter et je lui dis que s’il s’arrête, je m’arrête aussi et qu’il ne peut pas faire çà maintenant ! On arrive sur la route qui mène à celle du Vincin mais là ils nous font traverser dans un autre bois que je ne connais pas ! Si j’avais été seule, je crois que j’aurais flippé ! Ce n’est pas vrai, il y a plus de 177 kms là … ! Mais où est donc le Vincin ??? Çà y est, on y est enfin ! Je retrouve mon collègue de boulot et verse une larme…est ce de joie ou de fatigue, je n’en sais rien ! Des gens au café du Vincin nous crient « bravo ! » ! C’est la fin, on y arrive. Les forces reviennent mais pas assez pour pouvoir courir ! Je marche un peu plus vite et Eric gémit de douleur, la côte derrière le Vincin le fait souffrir. Je le prends par le bras ! Bernus, allez, on tient le bon bout ! Tout à coup, j’hurle, j’ai vu une ombre dans les arbres et cela fait déjà un moment que je vois des visages par terre ou sur les arbres et même des squelettes noirs ! Pourquoi noirs, je ne sais même pas ! Oh la la, les neurones ne vont pas bien là … ! Eric me dit aussi qu’il voit des choses ! Conleau …je vois les loupiottes de l’autre côté ! Quelle belle guirlande ! Allez ! On court un petit peu jusqu’à la pointe des Immigrés. Allez Eric, on est presque arrivé ! Après Kerino, j’entends crier mon prénom mais je ne sais pas qui sait, il s’approche mais je ne le reconnais pas ! Mais si, c’est mon frère ! Il me sourit, me prend en photo et me dit qu’il n’en revient pas ! Sa petite sœur accompli un truc de malade mais elle a toujours été un peu folle avec un sacré caractère ! La passerelle, on marche et puis Eric me dit qu’on finit en courant ! Allez, plus que 200 m ! J’entends l’animateur crier mon prénom ! « La petite Véro qui a gagné les 12h de Séné ! » Ah oui, c’est vrai et çà ne fait que 5 semaines ! Bon sang, je vois Fred puis l’arche d’arrivée ! Mon dieu j’y suis enfin, je suis heureuse ! Ma famille m’attend, 2 collègues de boulot que je ne remercierais jamais assez et puis Christophe, cher Christophe super sympa et Fred, mon coach qui m’a mené jusqu’à cette victoire ! Tout à coup, je vois mon patron, ému jusqu’aux larmes qui me dit que je suis exceptionnelle et qu’il est fière de moi…j’aurais dû en profiter pour lui demander une augmentation de salaire !
Et puis mes parents, mon papa qui me regarde avec fierté, sa fille, son portrait craché, ce petit bout de femme qui ne cessera de l’épater ! L’animateur me demande si je serais là l’année prochaine et je lui dis«  plus jamais ! »
Je parais en forme puisque je râle et parle de ce qui m’est arrivé avec la 3ème féminine ! En principe quand je râle, c’est que je vais bien ! Mes parents me ramène à Cliscouët et je retrouve mon lit douillet pas pour longtemps puisque je dois aller chercher ma coupe pour ma place en catégorie.
Le lendemain, je me réveille avec très peu de courbatures mais un gros bobo au visage et des ampoules. Je descends les escaliers sans problèmes et je me dis que ce n’est pas croyable après 30h31 de course ! Je retourne au port, voit Didier, Sarah, Alexia qui sont très contents de mon résultats et je réalise ce que j’ai fait ! Hier, je ne voulais plus en entendre parler, aujourd’hui, j’ai hâte de recommencer l’aventure ! Toucher l’extrême, faire son Koh Lanta personnel et vivre une aventure humaine, unique et merveilleuse ! Ben oui, on me retrouvera sur le Grand RAID et très vite… !
Voilà mon récit et un grand merci à FRED, XAVIER, CHRISTOPHE pour leurs soutiens et à mes deux amis de cœur Philippe Bourdon et Franck Cadoret pour leur soutien par SMS!
A vous de tenter l’aventure « Grand raid »




 Un grand  BRAVO de la part de tout le club !

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